« Aucun projet de société ne peut être viable s’il ne se conjugue également au féminin » Fawzia Houari

À l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, Solidaris et son réseau associatif (Latitude Jeunes, Esenca, FPS, Espace Seniors & FCPF-FPS) tiennent à faire le point sur la situation actuelle et à mettre en lumière leurs principales revendications dans cette lutte primordiale pour notre société.

Comme le rappelaient les Femmes Prévoyantes Socialistes dans leur Mémorandum 2019 , en 2017, l’écart salarial calculé sur base annuelle était de 20,6%. Si une partie de l’écart salarial est encore dû à une différence de salaire entre hommes et femmes à travail égal, une part importante « s’explique » par la place que les femmes occupent sur le marché du travail : elles occupent plus souvent les emplois à temps-partiel, dans des secteurs moins rémunérateurs et à des postes subalternes.

Pour Solidaris et son réseau associatif, il est indispensable que pour tout travail équivalent, les femmes gagnent autant que les hommes. Il faut également continuer à lutter contre la ségrégation horizontale et verticale : favoriser l’accès des femmes aux postes à responsabilités, promouvoir leur emploi dans des secteurs « moins féminins » (en valorisant ces filières dans la formation des filles, mais aussi en valorisant les filières dites « féminines » auprès des garçons).

Ces écarts salariaux ont et auront inévitablement des répercussions sur les pensions. La réforme menée par le gouvernement Michel a pour effet concret un recul de l’âge légal à la pension, un durcissement d’accès à la retraite anticipée, une dévalorisation des périodes assimilées, une pension à mi-temps ou à points ou encore une réduction de la cotisation de solidarité. Tous ces éléments ont pour principal objectif de faire des économies mais ont surtout de lourdes conséquences sur le montant perçu.

Alors que les femmes pensionnées ont un risque de pauvreté actuellement plus élevé que les hommes, ces mesures vont davantage fragiliser et précariser ces dernières qui ne sont absolument pas prises en compte dans les réformes. En effet, la pension moyenne des femmes s’élève à 882 euros, contre 1181 euros pour les hommes, ce qui crée un écart de pension moyen entre hommes et femmes de 26%. Certains pensionnés touchent une retraite au « taux ménage », c’est-à-dire augmentée de 15% parce que leur conjoint est à leur charge. En 2017, il s’agit d’hommes à 99,4%. Solidaris exige que ces profondes inégalités de sexe soient reconnues et combattues dans le secteur des pensions.

Concernant la contraception, Solidaris et son réseau associatif rappellent que c’est l’affaire de toutes et tous . Or, elle est encore trop souvent prise en charge uniquement par les femmes. Comme nous le révélions dans notre enquête sur la contraception en 2017 , même si 80% des femmes interrogées déclarent discuter de contraception au sein du couple, elles ne sont plus que 53 % à baser leur choix sur une décision commune. Pour 77 % des femmes, le gynécologue est la première personne qui les conseille. Pour les hommes, cette personne n’est autre que … la partenaire, pour 37% d’entre eux.
Dans une société où libertés, émancipations et égalités femme/homme sont de plus en plus questionnées, la place de la contraception devient indéniablement centrale. Sensibiliser, éduquer et faciliter son accès devient plus qu’essentiel.

Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris, rappelle que « la question de la contraception est plus sensible et centrale que jamais dans une société où les notions de liberté, de choix et d’émancipation sont régulièrement remises en cause. La rendre plus accessible dans le cadre d’une politique plus globale de sensibilisation et d’éducation menée depuis plusieurs années par Solidaris et son réseau associatif et socio-sanitaire, n’en est que plus essentiel ».

L’interruption volontaire de grossesse (IVG) doit être au centre du débat. C’est, pour Solidaris et son réseau associatif, une véritable question de santé publique. A l’heure où le parlement discute d’une évolution de la législation, la mutualité appelle à supprimer les sanctions pénales à l’égard des femmes et des médecins en cas de non-respect des conditions imposées par la loi relative à l’interruption volontaire de grossesse du 15 octobre 2018. A côté de cela, il va falloir améliorer les conditions d’accès à l’IVG, ce qui sous-entend un allongement du délai légal au cours duquel une IVG peut être pratiquée, la suppression de l’obligation d’un délai de réflexion de 6 jours entre le premier contact et le jour de l’avortement ; la prise en charge de toutes les mesures nécessaires pour assurer une information complète, exacte et neutre sur le droit et l’accès à l’IVG, le recours à l’objection de conscience et la nécessité d’être attentive·if aux tentatives d’attribuer un statut à l’embryon et au fœtus.

Lié à cela, Solidaris et son réseau tiennent à mettre en lumière l’initiative EVRAS. L’EVRAS – éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle – cela consiste à accompagner les enfants, les adolescent.es et les jeunes adultes et à leur proposer un éveil aux multiples dimensions de leur développement: en fonction de l’âge et de leur handicap éventuel, peuvent être abordées les thématiques telles que les émotions, les relations sociales, familiales, amicales et amoureuses, le respect de soi et des autres, les changements corporels et l’éveil sexuel, les sexualités et les dimensions qu’elles sous-tendent : notions de plaisir, de choix éclairé (contraception, santé sexuelle et reproductive), de consentement, les questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre, le (cyber) harcèlement…

Une démarche d’EVRAS est pratiquée par l’ensemble du réseau Solidaris et mérite qu’elle soit mise en lumière. Elle se fonde toujours sur le respect, la tolérance, l’inclusivité et l’ouverture à l’autre. Elle vise à apporter une information fiable, impartiale, adaptée et exhaustive et à participer au développement de l’esprit critique afin d’aider les jeunes à construire leur identité, assurer leur bien-être et à prendre des décisions éclairées en tant que citoyen·ne·s responsables.

Face à tout cela, voici les revendications de Solidaris en cette journée mondiale de lutte pour les droits des femmes :

  1. L’inégalité salariale
    • Afin d’atténuer voire d’en terminer avec les inégalités salariales liées au genre, Solidaris et son réseau associatif, propose de prévoir des mesures pour dissuader les employeuses·eurs de conclure des contrats à temps partiel. Par exemple, en augmentant la part des cotisations patronales des entreprises qui emploient plus de 25% de travailleuses·eurs à temps partiel, ou encore en mettant fin au système des « heures complémentaires » qui mène à une flexibilité souvent inconfortable mais non compensée par une rémunération supérieure.
  2. Comme mentionné dans son Mémorandum 2019, Solidaris appelle à reconnaître l’IVG comme un enjeu de santé publique
    • Il faut supprimer les sanctions pénales à l’égard des femmes et des médecins en cas de non-respect des conditions imposées par la loi relative à l’interruption volontaire de grossesse et améliorer les conditions d’accès à l’IVG.
  3. Une augmentation des allocations familiales
    • En Wallonie, près de 1 parent isolé sur 2 vivrait d’un revenu qui se situe sous le seuil de pauvreté. Augmenter le montant des allocations familiales est une des mesures envisageables pour lutter contre la précarité des familles monoparentales. Solidaris appelle les organismes régionaux à mettre tout en œuvre pour informer clairement et précisément le grand public quant aux nouvelles règles en vigueur. Des solutions doivent être trouvées pour faciliter la répartition et l’utilisation des allocations familiales entre les parents partageant un hébergement égalitaire de leurs enfants.
  4. Une meilleure articulation vie privée/vie professionnelle
    • Dans 68% des cas, le congé parental est pris par les femmes. C’est d’autant plus vrai pour les mères d’enfants en situation de handicap, souvent obligées de réduire, voire d’arrêter leur activités professionnelles faute de structures adaptés en suffisance et de réponses politiques adéquates. Avec comme conséquence un certain isolement social et une précarité financière accrue. Pour encourager l’implication des pères dans la vie familiale, l’allongement du congé de naissance ainsi que des allocations compensatoires plus élevées pour tous les types de congés familiaux doivent être votés.
  5. Pour l’inclusion socio-économique des seniors
    • Solidaris, et plus particulièrement Espace Seniors, revendique une pension décente de minimum 1500 euros net et un taux de remplacement de 75 % du salaire ainsi que le rétablissement de l’âge légal de départ à la pension à 65 ans, avec possibilité de moduler l’âge de la retraite à partir de 60 ans en fonction de la durée de carrière et de la pénibilité du travail.
  6. Non à la double stigmatisation :
    • Les femmes en situation de handicap sont doublement discriminées : de par leur genre et leur handicap. Pour Solidaris et plus spécifiquement pour Esenca, il faut un réel travail d’inclusion des femmes en situation de handicap dans la société et ce à tous les niveaux.

Au sein de Solidaris et de son réseau associatif, il y a beaucoup de femmes et de militantes investies, mais également d’hommes engagés depuis toujours dans ce long mais juste combat de société. Toutes et tous agissent au quotidien en faveur des droits des femmes au travers de leurs projets, activités et services.

Lire le CP : IVG, pensions, salaires, contraception… il y a encore du boulot !  en PDF (taille : 458 Ko)


Un Réseau Solidaris à vos côtés :

Solidaris et son réseau associatif, agissent au quotidien en faveur d’une meilleure politique de santé et de qualité de vie au travers de leurs projets, activités et services. Retrouvez l’ensemble des actions et recommandations via leurs différents sites :

Latitude Jeunes : Organisation de Jeunesse partenaire de Solidaris ;

Esenca : Association socialiste de la personne handicapée ;

FPS : Femmes prévoyantes socialistes ;

Espace Seniors : Association seniors de Solidaris ;

FCPF : Fédération des Centres de Planning familial des FPS ;

Solidaris :