L’intermodalité… Réellement pensée pour tous ?

Du 16 au 23 septembre, c’est la Semaine de la Mobilité. Si nous saluons l’initiative, en tant qu’association de personnes en situation de handicap, nous nous interrogeons sur la place du handicap dans ce type d’événement. Comment les personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap peuvent-elles s’y retrouver ?

Les PMR : une minorité ?

Plus de 30% des Belges, soit 4 millions de personnes, sont considérées comme des PMR. Une personne à mobilité réduite est une personne qui est confrontée à la difficulté de se déplacer, qui est soumise à des obstacles qu’elle ne peut surmonter seule ou très difficilement. Ces difficultés peuvent être liées à l’âge, la maladie, un état provisoire, un handicap temporaire ou définitif. Cela concerne les personnes en situation de handicap mais pas seulement ! Le propos est bien plus large, on parle des parents avec poussette, les livreurs, les personnes âgées, les touristes avec bagages, ou encore les très jeunes enfants…

 

L’intermodalité, qu’est-ce que c’est ?

Par exemple, si vous souhaitez vous rendre à Namur depuis Bruxelles, vous utilisez le bus pour aller jusqu’à la gare centrale, puis le train pour vous rendre jusqu’à la gare de Namur : c’est ça l’intermodalité. C’est la combinaison de différents moyens de transports dans un même trajet autres que la voiture personnelle. C’est une alternative à l’usage de la voiture dans un objectif de réduction des nuances comme la pollution, le bruit.

Mais cette façon de penser le déplacement est-elle réellement accessible aux PMR ?

En Belgique, quelle que soit sa fonction, tout bâtiment public ou infrastructure public faisant l’objet d’une demande de permis doit répondre à des normes d’accessibilités qui garantissent l’accès libre à un cadre de vie ainsi qu’à tous les types de lieux, services, activités ou déplacement d’un point A à un point B sans obstacle, mise en danger ou besoin d’un coup de main.

Depuis plus de 100 ans, Esenca milite pour l’inclusion de toutes les personnes en situation de handicap dans toutes les sphères de vie. Cette inclusion va de pair avec l’accessibilité des bâtiments, des services, des infrastructures, de la voirie, des transports en communs… De nombreuses initiatives ont vu le jour – boucle à induction magnétique dans chaque point de vente de la STIB, accessibilité de différentes lignes STIB, TEC, tram, train, voiries adaptées et accessibles… – mais ce n’est pas suffisant.

A l’heure actuelle : seules 27 gares sont dites accessibles (selon les critères de la SNCB) sur 555 gares cela représente moins de 5% de gare accessible. Les PMR doivent encore réserver leur « voyage » à l’avance : dans un délai  de 3h dans 41 gares et de 24h pour toutes les autres. Quant à la STIB, : 49 stations sur 69 du réseau bruxellois est équipé d’ascenseur. Cela représente 71 % du réseau.  Le TEC, c’est 766 lignes régulières soit 2397 véhicules et 32014 arrêts dont 170 lignes audités en 2020, et 313 arrêts aménagés ou en cours d’aménagement soit 0.9% des arrêts du réseau global. Faut-il en dire davantage ?

Et le handicap dans tout ça ?

Les moyens de transports en commun ne sont pas tous accessibles, les modes actifs comme la trottinette, le vélo ou encore la marche ….  rencontrent eux aussi des difficultés : circulation difficile sur des chaussées irrégulières (pavés, trou, irrégularité de revêtement…), trottoirs trop étroits ou encombrés. L’intermodalité est difficile, voire impossible pour une personne en situation de handicap.

Rappelons que la Belgique a signé la Convention ONU des droits des personnes handicapées et que de nombreux projets politiques comme le plan de la Secrétaire d’Etat aux personnes handicapées madame Lalieux donne à l’accessibilité une fonction centrale, indispensable à toute inclusion.

 

Rappelons aussi que l’accessibilité et la mobilité est l’affaire de toutes et tous. C’est un projet de société, réaliste et réalisable. La ville de Barcelone, comme d’autres en Espagne et en France, est souvent citée en exemple de par ses transports en commun (métro, bus…) quasi accessibles à l’ensemble des personnes en situation de handicap en toute autonomie.

Oui, des adaptations et des aménagements sont possibles pour rendre l’ensemble des transports publics accessibles aux personnes en situation de handicap et permettre à tout un chacun de circuler librement. Les bénéfices ne seront pas uniquement pour les PMR mais bien à toute la population.